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La prod lente et massive a pris le contrepied de ce à quoi on s’attendait à tous, et nous a mis l’eau à la bouche pour l’album. Et puis, en mars et avril dernier, Kalash a achevé de nous surprendre et de nous appâter à propos de son album Kaos. Pour accompagner Bando, trois nouveaux titres sont dévoilés entre début mars et fin avril, dont un titre avec le plus gros poisson de la scène rap française de ces dix dernières années, Booba. Le message passe : on n’essaiera pas de rentrer Kaos dans une case musicale, celle du dancehall étant bien trop restreinte pour les multiples influences musicales qu’il propose.

Multipliant les styles et les couleurs, Kalash dévoile dans ce nouvel toute la virtuosité musicale de sa voix, sur des prods mêlant trap et reggae dancehall avec tant de cohérence qu’on peine parfois à différencier les deux à l’écoute de l’album. Tantôt avec vocodeur, tantôt sans, il rappe, chuchote, crie, chante à plein poumons, maniant les tonalités sans aucune difficulté sur l’ensemble de la traklist. La puissance d’un Bando se retrouve sur des tracks comme Bad Like Me, en featuring avec son collègue du General Crew Admiral T, ou Movezide avec le rappeur Gato da Bato qu’on connait en France par ses collaborations avec Booba.
 

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C’est d’ailleurs sur ce terrain-là que Kalash nous a le plus agréablement surpris : personne n’aurait soupçonné qu’une telle alchimie soit possible entre Kalash et Booba, avant la sortie du single Rouge et Bleu. Kalash rejoint le style de Booba avec un flow technique et concis, Booba rejoint le style de Kalash par la musicalité de son flow, l’ensemble formant une trap planante et entraînante soupçonné de dancehall dont on ne se lasse pas. Et ça tombe bien, l’album contient une seconde collaboration entre les deux, de la même veine et tout aussi réussi, nommé modestement NWA.

« Sale négro avec attitude, Compton / Kalash, B2o, négritude, Dom-Tom »

Au niveau des thèmes abordés également, le chanteur nous a surpris. Bien sûr, que serait un album de Kalash qui ne parle pas des femmes et de l’amour ? Entre Taken, I Will Be There ou encore Best Friend, il revient bien sûr parler d’amour sur ce terrain reggae dancehall sur lequel il a fait ses armes. Mais Kaos, c’est aussi le cri d’alarme du chanteur qui a quitté son Petit Pays, la Martinique, pour s’installer à Paris l’année passée.

Ce changement d’environnement l’aura inspiré pour le titre Petit Pays, sur un sample du même titre de Cesaria Évora, mais également pour Après l’Automne, qu’on avait pu découvrir en mars dernier. Seras-tu Charlie après l’automne ? Selon le vent, et selon l’iPhoneKalash, lui, est resté Kalash même après l’automne, et a dévoilé ce 6 mai dernier son meilleur projet jusqu’ici, plus mature et riche musicalement que jamais : il n’a pas oublié d’où il vient, et sait exactement où il va.

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« J’suis tellement vrai que j’ai l’air faux, je n’ai jamais oublié l’époque de mon bando / J’suis tellement frais que je te donne chaud, Maman m’a dit laisse parler c’est que des mots // J’m’exprime comme Mesrines, pour mes négros j’ai de l’estime / Dans mes textes la vérite j’respire, j’fais pas exprès, quand j’expire, je les inspire / Que des vrais, reconnaissent-ils ? General Crew sur le textile / J’pars en balade, oui, je m’exile / Fais gaffe à l’équipe, on est seize types » (Néo)



Chronique par Hugo Rivière pour Party Time.

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