Sizzla Kalonji - 876

J’écoute Sizzla depuis des années, et pourtant sa voix n’en finit pas de me surprendre : à chaque nouvel album, c’est comme s’il osait toujours l’octave de plus, sans jamais le manquer, ni perdre l’énergie artistique et presque spirituelle qu’on ne peut dissocier de sa voix ni de son œuvre.
Dès le premier track, Longing For, on plonge corps et âme dans le disque, laissant les manettes au seul pilote capable de nous emmener si loin sans jamais se dénaturer ni tourner en rond. Bien sûr, aucune surprise au niveau des thèmes : mais sans tomber dans la généralisation bête et méchante, cette fidélité presque stricte aux mêmes thèmes est plus que courante lorsqu’il s’agit de reggae d’une manière générale, et n’est que le logique reflet d’un style musical indissociable d’une certaine éthique de vie, et par extension d’un certain mode de pensée et d’une certaine spiritualité.

Quoi qu’il en soit, la détermination et la volonté de Sizzla n’ont pas faibli d’un pouce quand il crie au monde Leave my ganja alone ou qu’il décrit sa Street Life. En découvrant la tracklist, il me tardait tout de même de retrouver une facette mélodique et artistique plus douce du chanteur, dans la veine du single Breath of Life : le track Beautiful Place s’impose comme mon coup de cœur de ce nouvel album.
Mais n’allez pas imaginer que le niveau se dégrade par la suite, ce n’est pas vraiment une surprise avec Sizzla mais 876 est un excellent album du début à la fin.

Endossant parfois la cape sérieuse de leader sur des Show Them The Way ou Babylon Kingdom Fail, ou se dévoilant plus avec le trio Love MeNever Ending LoveYou Belong to Me (ft. Samira Taylor), Sizzla sait varier les influences et les couleurs avec brio en restant cohérent.
On retiendra également l’excellent featuring avec Jah Cure, Bad Mind, ainsi que le puissant, brumeux et sourd High Grade. Enfin, l’album s’achève délicatement sur Watch Over You, confirmant une énième fois ce qu’on n’avait pas attendu cette chronique pour savoir : Sizzla est un artiste complet et extrêmement talentueux, et 876 n’a pas à pâlir face à sa cinquantaine de prédécesseurs. Merci, Kalonji.

Chronique par Hugo rivière pour Partytime.fr