Dès l'intro de « Riddim hold dem » (1) qui ouvre cet opus, la basse élaborée de Ryan Newman, la batterie habile de Te Kanawa et le clavier subtile de Marcus Urani nous rappellent instantanément combien chaque musicien est talentueux, combien les influences californiennes et jamaïcaines se complètent, se mêlent, se combinent.
Ce trio instrumental va nous régaler avec un bridge tout aussi brillant que le Golden Gate.
Et que dire de l'outro trompette ... Le voyage ne fait commencer. Le décollage est rapide. Tu peux t'envoler.



Groundation_by_Lisou.jpgFerme les yeux. Écoute combien la voix de Marcia Griffiths est sincère. Frissonne devant la douceur et la profondeur du solo de basse. Laisse­toi porter par le skank lourd et carré de « Defender of beauty » (2).
Imprègne-­toi maintenant de l'ambiance Nyabinghi de « Free rider » (3). Découvre combien Harisson Stafford y est passionné et puissant, et à quel point les choeurs le complètent.
Apprécie comment on peut y incorporer un soupçon de douceur avec un clavier galopant parsemé de quelques grains de trompette. Si ta tête bouge toute seule avec nonchalance, si le coin de tes lèvres remonte le long de tes joues, si la trompette de David Chachere te fait frissonner, c'est parce que tu traverses « Gone a cemetary » (4). Une thématique profonde, mais une leçon d'optimisme et d'amour.
Harisson_Stafford.jpgLaisse-­toi emporter à présent par le rythme enlevé, funky, enivrant de « Liberation Call » (5), par le feu d'artifice des cuivres, par le solo de Daniel Wlodarcyzk, le nouveau tromboniste avant de faire escale sur un véritable bijou, « A miracle »(6), le titre éponyme de l'album. Une pépite. Au coeur d'un roots bien deep sublimé par la soul et chaleureuse voix de Judy Mowatt et le lead d'Harisson, tu découvriras un magistral pont smooth jazz, une ambiance lounge où cuivres et claviers se répondent dans un festival de subtilité. C'est divin. Et que dire de la manière peu ordinaire dont se conclut ce superbe morceau. Un solo de batterie. Si, si. Ils osent. Les surprises inattendues des voyages ... Les voyages au cours desquels, parfois, tu aimes un retour aux les sources. Si tu es déjà passé par là, tu retrouveras, sur « Hold your head up » (7), une ligne de basse, une rythmique qui te replongeront dans l'atmosphère d'Undivided. Et cet orgue qui virevolte.

groundation_3.jpgEt ces transitions du mineur au majeur si propres à Groundation. Et ce final haut en cuivres ! Rien que du bonheur. C'est le pouvoir de la musique. Ce pouvoir qui est évoqué dans « Jah defend the music » (8). Grâce est rendue ici à son
influence salvatrice, à ses bienfaits dans la vie quotidienne, à la positivité que peuvent générer les sound systems en Jamaïque. Laisse­toi porter par ce florilège de changements rythmiques, de surprises instrumentales et vocales.
L'atterrissage est proche. Tout en nuances subtiles. La température extérieure est douce, comme le sont les voix suaves de Kim et Sherida. Il est temps de te préparer à redescendre, mais le voyage est loin d'être terminé. Si le message de « Born again » (9) est passé, tu vas pouvoir le refaire pour l'améliorer. Tu vas tenter de renaître, de donner le meilleur de toi­même.
Il est aussi fort possible que tu le poursuives en séduisant honteusement le bouton replay, en attendant les titres bonus de l'album ou encore en découvrant en live de quelle manière toutes les tracks de ce sublime album vont être enrichies à l'infini. Que d'émotions, que de frissons en perspective ! Les billets d'avion pour cette destination colorée seront disponibles le 21 octobre chez Soulbeat Records. Foncez, c'est une parenthèse de bonheur au coeur de cet automne qui s'installe. Ça devrait même être remboursé par la Sécu.
Si,si. Vous pouvez me croire: « A miracle ».

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