L'intemporel « Sunny » (1) qui tourne déjà bien sur youtube, sur lequel s'ouvre l'opus, nous donne instantanément la température. Chezidek et Skarra Mucci y sont bouillants. Le soleil glisse dans vos oreilles comme à travers vos rideaux par un petit matin d'été pour un effet sourire instantané.

maikal-x.jpgVous apprécierez sans doute la voix soul de Maikal X, membre du « Raggasonic des Pays ­Bas » Postmen sur la version 2014 de « I wouldn't treat a dog » (2) de Bobby « blue » Band. Les cuivres de Tribuman, Guillaume et Christophe (de la Fanfare en pétard) appuient avec talent une instru déjà bien lourde.
Diana Rutherford n'a rien à envier à Ann Peebles quand elle se pose en grande diva de la soul sur « Trouble Heartaches & Sadness »(3) . Du miel …

Là, on ferme les yeux et on se délecte. En moins de trois mesures, on a les poils des bras au garde à vous. Et quand entre la voix rauque et suave de Glen Washington, on est déjà loin. La basse est présente, efficace à souhait. « Four walls » (4) est un véritable bijou, un savant mélange de sensualité et de rythme carré.

De la même manière que Skarra Mucci répond en toastant à la voix fluide de Chezidek, Ranking Joe offre le dialogue à Hopeton James sur un grand classique des Temptation, « Just my imagination » (5).

Attention, Turbulence arrive dans un registre dans lequel on n'a pas l'habitude de l'entendre, pour vous délecter en découvrant « If loving you is wrong » (6). Pas facile de s'attaquer à un monument de la soul comme celui­ci. Avec Luther Ingram qui l'a créé, l'intense version de Milie Jackson et les talentueux artistes comme Isaac Hayes, Al Green ou encore Alton Ellis, qui l'ont interprété, le défit était posé. Et pourtant, le résultat est parfaitement réussi.

Freestyle_Marina_P_at_Party_Time_-_8_DEC_2013.jpgLa pétillante Marina P, dont on en tendant décidément beaucoup parler en ce moment, excelle avec ce groove qui lui est si particulier sur un « I wish I were that girl » (7) « rocksteadïsé », dynamisé, modernisé. C'est Wendy René dont on connait mieux le poignant « after laughter » qui en est à l'origine. After Laughter  a été samplé par de nombreux artistes variés et prestigieux comme Alborosie, le Wu­Tang, Gramatik, Rockin'Squat ou encore Skarra Mucci.

Qui a déjà joué à GTA a déjà bougé sa tête en écoutant Marlena Shaw et son « California soul »(7). Mystic Loïc et la jolie Faye, les cuivres, les rythmiques, les mix de Brimstone s'en donnent à coeur joie pour un cocktail où funk et reggae se marient à loisir.

Encore un peu de frissons ?  .Un gospel maintenant. « Homeless child » (8). Jezzaï apporte une vibe encore différente de celle qu'ont pu offrir Louis Armstrong ou Richie Havens sur la BO de Django Unchained. So sweet … So Deep …

Oh que « Saint James Infirmary » (10), est plaisant à entendre. Les cuivres sonnent, les cuivres résonnent, Paul Noyah est phénoménal, bluesy, jazzy, groovy. Délicieux.

Nom d'un cuivre ! Un magnifique titre de la grande Nina Simone, « Four Women » (11) décliné en horn cut. Et quelle piste ! La trompette de Tribuman et le trombone de Guillaume Nuss virevoltent. Que ça sonne reggae. Que ça sonne jazz. Qu'il est doux d'entendre ces deux styles musicaux s'entremêler aussi habilement !

L'opus se clôture dans la pure tradition, sur deux dub versions « Touble hearteaches & dub » (12) et « Sunny dub » (13) . Un album qui s'annonce déjà comme un grand classique à savourer au volant de sa voiture, sur son ampli calé dans son canapé, ou dans un casque pour s'évader de la froideur hivernale.

Chronique By Lisou Becker for Party Time.fr

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