Musicalement l’écrin façonné par nos strasbourgeois de ERM est de très bonne facture ,il ravira les amateurs de sonorités roots ,digitales et modernes tout en réussissant a faire transpirer de temps a autre cet esprit Black Ark(bruitages,animalerie etc) cher a ce bon vieux Perry Savallas (petite boutade capillaire quant a la pochette de l’album ou il arbore une perruque blonde a la Maryline digne d’une fin de gaypride plus qu’arrosée).

Quant aux paroles il n’est pas étonnant de lire dans le communiqué de presse qu’elles ont été improvisées par le trublion tant elles ont ni queue ni tète et nécessitent une boussole afin de ne pas se perdre dans les méandres de la nébuleuse psychique perryénne.

Monsieur Perry soleil ouvre le bal avec le titre "capricorn" qu’il fait rimer avec pop corn,il part ensuite dans une diatribe verbale autour de la musique sur « move on » grace a une juxtaposition nominale(music,vibration,sensation,magic),nous passons ensuite a un exercice d’egotrip que ne renieraient pas certains rappeurs avec le titre pléonasmique « diplomat aristocrat »dans lequel il parle de sa personne … a la troisième personne,s’ensuit un détour par la salle de bains « in the bathroom » qui est métaphoriquement une ode a la sexualité mise en parallèle avec le savoir-cuisiner(il n’est nul besoin de vous rappeler la passion que le poète voue a la chose ,il est quand meme affublé dans le périgord du sobriquet « perry gourdin »),cette tambouille nous conduit directement au repas le plus celebre de l’histoire la Cene puisque sur le titre « jesus perry » il se voit en  réincarnation christique dans le reggae;il continue de semer l’auditeur qui a affaire a l’ange Gabriel dans la « 4th dimension » pour finalement expliquer sur « lee meets erm » que Dieu maudit l’Amérique et ses politiciens tout en bénissant l’Iran et la Jamaique;il attend patiemment le morceau « shuffle »(musicalement le titre le plus roots seventies)pour faire chuter babylone et sa cohorte de sbires(policiers,juges etc…),il enfonce le clou (sans mauvais jeu de mots aucun)sur « rastafari » car il est le tueur de satan accroc a la bonne santé physique(pour ce qui est de la santé mentale ce n ‘est point préciser)et termine en beauté par un titre anti « bad boy » aisément compréhensible sachant qu’il vit en suisse avec la grande prêtresse du SM allemand ,il n’aucunement envie de partager ses punitions et ses féssées avec d’autres mauvais garçons.

Vous l’aurez compris dans cet album Lee Perry (77 ans,la voix intacte) joue a scratch scratch avec nos émotions,nous camisole dans sa folie,nous plonge dans ces ambiances dont lui seul a le secret ,il sera donc de bon aloi de se laisser transporter par la musique tout en gardant de la distance avec les paroles au risque de subir une prise d’otage du cervelet et de se penser investit d’une mission raelienne….Les grecs appelaient leurs porches des peristyles moyennant quelques euros vous pouvez avoir le style perry en poche…

Blues Brother