La critique est unanime : une voix bouleversante, une immense force expressive, un  rare pouvoir émotionnel, sans compromissions ni facilités, un extraordinaire engagement scénique, et une passion du chant qui en font l'une des plus grandes voix du siècle. Il témoigne aussi de l'éblouissant talent de compositrice et de productrice de Liz McComb.

Liz McComb est née à Cleveland (Ohio), dans une famille originaire du Mississippi et a grandi au sein d’une communauté pentecôtiste, branche la plus africaine du protestantisme américain. Elle participe très jeune à la chorale de son église. Avec son ample voix de mezzo soprano, elle aurait pu choisir une carrière classique, mais elle consacre sa vie au gospel dont elle maitrise tout le répertoire de ses aînés: the Staple Singers, Sister Rosetta Tharpe et surtout Mahalia Jackson. Son frère, trompettiste, l’initie au monde du jazz. Après des études de violon, elle se met en autodidacte au piano. Comme une des vedettes de la tournée Roots of Rock’n Roll, elle parcourt toute l’Europe et en 1981, elle participe une première fois au Festival de jazz de Montreux, en même temps que Bessie Griffin. Elle côtoie souvent sur scène Luther Allison, B.B. King, James Brown ou Ray Charles. Liz McComb incarne toute la musique noire américaine depuis les plus anciens négro spirituals aux formes les plus contemporaines, s’imposant comme la plus émouvante des grandes voix noires US … et la plus mondialisée, au fil de ses concerts dans le monde où elle est à l’affiche des salles et des festivals les plus prestigieux.

Au fil des ans, au prix d’un travail acharné, Liz McComb s’est imposée par une oeuvre exceptionnellement féconde et unanimement célébrée : Prix Mahalia Jackson, Victoires du Jazz, EnSound Music Awards, etc. Chacune de ses apparitions est une leçon magistrale de vérité et de vigueur, d’émotion et de rigueur, jetée joyeusement à la figure des vocations académiques et superficielles du show biz ... Le temps d’un concert, Liz nous fait parcourir tous les états de la condition humaine : bouleversante et parfois douloureuse, exaltée mais sereine, ardente mais sensuelle, souvent suave et toujours primesautière ... Liz est avant tout émouvante et généreuse, par sa voix, son jeu de piano et son engagement physique absolu.

Un concert de Liz McComb est inoubliable, on n’en ressort jamais indemne !

« Avoir le feu sacré » est une expression facile, trop souvent galvaudée, que l’on emploie, à tort et à travers, pour qualifier la prestation d’un musicien qui déploie dans l’exercice de son art enthousiasme et passion. 

Avec Liz McComb, fille de pasteur, le « feu sacré » prend soudainement un tout autre sens et sa vraie définition spirituelle : Holly Spirit ou Esprit Saint. « Le Saint Esprit m’envahit souvent sur scène. » confesse-t-elle. Dans tous ses concerts ou albums, c’est ce même et mystérieux feu sacré qui embrase sa voix et enflamme son chant pour se consumer jusqu’aux cendres du silence et se rallumer, sans prévenir, dans les braises de l’instant. Même si l’on ne croit en rien et que l’on ne manifeste la moindre conviction religieuse, il faut la croire : Liz McComb est une sacrée personnalité, une chanteuse « inspirée » qui a décidé de consacrer sa vie au Gospel pour célébrer la gloire de son Seigneur avec une incroyable force de conviction et une énergie hors du commun. L’ardeur de sa ferveur est irrésistible, mieux, brûlante… et communicative. Liz, c’est une voix enfiévrée par la foi! Une foi rageuse et rugissante qui s’exprime à travers une voix forte et vraie, tout à la fois violente et tendre, rauque et sensuelle. En bonne Pentecôtiste, la pasionaria du Gospel a une conception exubérante et extravertie de son art vocal. Ceci explique que sur scène, jamais Liz ne cabotine, minaude, use et abuse des ruses de la séduction féminine. Sans jamais tricher ni faire semblant, Liz va toujours droit à l’essentiel, avec cet exceptionnel don de présence qui touche et emporte immédiatement le public.

A preuve ce What a Wonderful World, sublime chanson immortalisée par Louis Armstrong grâce à sa voix éraillée, rocailleuse, voilée d’un halo de chaleur universel… Quand Liz ose s’approprier ce « tube » profane, comme elle le fit si heureusement avec l’Hymne à l’amour de Piaf, c’est pour mieux le métamorphoser en Spiritual Song... Et cela marche totalement parce que la sincérité la plus authentique en est le seul moteur… avec, en plus, le soutien actif du saxophoniste James Carter. Une nouvelle fois, le souffleur de Detroit impressionne par sa technique « saxuelle » phénoménale. Justesse, précision, vitesse, tout y est. D’emblée, le style «carterien» s’affirme comme un tourbillon de styles. C’est que pour lui le jazz est un « continuum ». Un long fleuve pas tranquille où il puise sans vergogne énergie et inspiration … même chose pour Liz. Dans sa voix et à travers sa foi, elle bouscule les étiquettes, transcende les genres et réconcilie les styles (gospel, jazz, funk, blues, rock, soul, reggae, qu’importe !) pour tout simplement surfer en toute liberté sur la vague de la Great Black Music, comme dans cette savoureuse chanson créée par Mahalia Jackson No Colour Line around the Rainbow du précédent album « I Believe » qu’on retrouve sur le DVD de ce digipack. Par rapport à tous ses précédents disques, ce nouvel album de Liz McComb présente une grande et belle différence : celle de lui offrir pour la première fois un environnement résolument cuivré. Longtemps la diva de la Soul refusa que son chant soit encombré et souligné par les riffs d’un brass band. « Pas d’instruments à vent dans mon orchestre » déclarait-elle! Pourquoi donc ? La réponse semblait imparable : « I am a horn ». Il aura fallu la persévérance et la patience de son fidèle producteur Gérard Vacher pour la convaincre d’accepter finalement que sa voix soit mise en valeur dans un écrin de vents et de cuivres. Pour ce faire, Gérard Vacher choisit de multiplier les lieux de rencontre où la « Lady Soul » pourrait exprimer « autrement » sa passion évangélique.

A Paris, au Studio Davout, avec le superbe orchestre mi-américain, mi-antillais de ses tournées européennes. A New Orleans ensuite, ville natale de sa principale inspiratrice, Mahalia Jackson. C’est dans cette «Cité du Croissant» (où elle avait déjà enregistré en 2001 l’excellent The Spirit of New Orleans) que Liz chante ici avec les Soul Rebels, sans aucun doute le brass band le plus stimulant de la ville… puis avec la crème du jazz traditionnel : Dr Michael White et son groupe dont Lucien Barbarin pour un inoubliable Basin Street Blues, Kirk Joseph figure de proue de la tradition du tuba accompagné des autres tubas masters des grands Brass bands de New Orleans et surtout l’impossible réunion des super stars de la ville (Kermit Ruffins, Donald Harrison, George Porter, Herlin Riley, Ivan Neville, Glen David Andrews) pour sa composition My Mother’s Love/God Cares for Me superbe et émouvant hommage à sa mère tout juste défunte qu’elle appelait depuis toujours « my first producer ». Puis à New York avec les Seal Breakers, grâce au soutien exceptionnel d’une branche dissidente de la farouche United Church of People du Révérend Sweet Daddy Grace, confrérie très spéciale qui refuse que leur musique sorte de leur église et devienne objet de spectacle et de commerce. Par sa force de conviction et la sincérité de sa démarche, Liz sut les convaincre du contraire. Bravo et tant mieux! C’est une évidence dès la première écoute : le « must », le clou, la merveille de ce double album réside dans les quatre titres enregistrés avec Desmond Jones et Dean Fraser à Kingston en Jamaïque. En particulier Give it up, très belle composition originale de Liz, mais surtout The Blessing , avec son doux tapis rythmique de steel drums, assurément la plus belle réussite de tout le disque, grâce aussi à la présence de musiciens qui ont tous participé aux premières séances de Bob Marley. Quand le reggae ne bégaie pas et tutoie l’Esprit Saint, c’est tout simplement le bonheur ! Alléluia !

Biographie Pascal Anquetil